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Un nouveau rapport détaillé décrit les effets de la pollution de l’air sur la santé, qui dépasse désormais le tabac et la mauvaise alimentation en tant que facteur de risque de décès.

Boston/Massachusetts/New York, le 19 juin 2024 – La pollution atmosphérique a un impact de plus en plus important sur la santé humaine, constituant le deuxième facteur de risque de décès dans le monde, d’après la 5e édition du rapport State of Global Air (SoGA).

Ce rapport, publié aujourd’hui par le Health Effects Institute (HEI) – un institut de recherche indépendant à but non lucratif basé aux États-Unis – révèle que la pollution atmosphérique a été à l’origine de 8,1 millions de décès dans le monde en 2021. Au-delà de ces décès, elle est également à l’origine de maladies chroniques invalidantes pour des millions de personnes, ce qui pèse lourdement sur les systèmes de santé, les économies et les sociétés.

Réalisé pour la première fois en partenariat avec l’UNICEF, le rapport révèle que les enfants de moins de cinq ans sont particulièrement vulnérables, avec des effets sur leur santé tels que des naissances prématurées, une insuffisance pondérale à la naissance, de l’asthme et d’autres maladies pulmonaires. En 2021, l’exposition à la pollution atmosphérique a été impliquée dans plus de 700 000 décès d’enfants de moins de cinq ans, ce qui en fait le deuxième facteur de risque de décès dans le monde pour cette tranche d’âge, après la malnutrition. Parmi ces décès infantiles, 500 000 étaient liés à la pollution de l’air domestique due à la cuisson en intérieur avec des combustibles polluants, principalement en Afrique et en Asie.

Un problème de santé mondiale

Le nouveau rapport SoGA propose une analyse détaillée des données récemment publiées dans le cadre de l’étude Global Burden of Disease (charge mondiale de morbidité) de 2021, qui met en évidence les graves répercussions que des polluants tels que les particules fines extérieures (PM2,5), la pollution de l’air domestique, l’ozone (O3) et le dioxyde d’azote (NO2) ont sur la santé humaine, à travers le monde. Le rapport inclut des données pour plus de 200 pays et territoires, et indique que pratiquement tous les habitants de la planète respirent chaque jour des niveaux de pollution atmosphérique nocifs, avec des répercussions considérables sur la santé.

A l’échelle globale, plus de 90 % des décès dus à la pollution de l’air, soit 7,8 millions de personnes, sont attribués à la pollution atmosphérique par les PM2,5, y compris les PM2,5 ambiantes et la pollution de l’air domestique. Ces particules fines, dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres, sont si petites qu’elles restent dans les poumons et peuvent pénétrer dans la circulation sanguine, affectant de nombreux systèmes organiques et augmentant les risques de maladies non transmissibles chez les adultes, telles que les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète, le cancer du poumon et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Selon le rapport, les PM2,5 se sont révélées être le facteur prédictif le plus cohérent et le plus précis des mauvais résultats en matière de santé dans le monde.

« Nous espérons que ce rapport SoGA sur l’état de l’air dans le monde fournira à la fois les informations et les incitations nécessaires au changement », a déclaré le Dr Elena Craft, présidente de l’HEI. « La pollution de l’air a d’énormes répercussions sur la santé. Nous savons que l’amélioration de la qualité de l’air et de la santé publique mondiale est réalisable et atteignable ».

Pollution atmosphérique et changement climatique

La pollution atmosphérique par les PM2,5 est principalement issue de la combustion de combustibles fossiles et de biomasse dans des secteurs tels que le transport, l’habitat, les centrales électriques à charbon, les activités industrielles et les feux de forêt. Ces émissions n’ont pas seulement un impact sur la santé des individus, elles contribuent également aux gaz à effet de serre qui réchauffent la planète. Les populations les plus vulnérables sont touchées de manière disproportionnée par les risques climatiques et l’air pollué.

En 2021, l’exposition à long terme à l’ozone a provoqué environ 489 518 décès dans le monde, dont 14 000 décès par maladies pulmonaires obstructives chroniques, notamment aux États-Unis, où la concentration y est plus élevée que dans d’autres pays à hauts revenus. Alors que la planète continue de se réchauffer sous l’effet du changement climatique, les régions où les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) sont élevés peuvent s’attendre à voir augmenter les niveaux d’ozone, ce qui entraînera des effets encore plus graves sur la santé.

Pour la première fois, le rapport SoGA inclut les niveaux d’exposition et les effets du NO2 sur la santé, y compris l’impact de l’exposition au NO2 sur le développement de l’asthme chez l’enfant. Les gaz d’échappement des véhicules sont une source majeure de NO2, ce qui signifie que les zones urbaines densément peuplées, en particulier dans les pays à revenu élevé, enregistrent souvent les niveaux les plus élevés d’exposition au NO2 et de répercussions sur la santé.

« Ce nouveau rapport nous rappelle clairement l’impact significatif de la pollution de l’air sur la santé humaine, les jeunes enfants, les populations âgées et les pays à revenu faible ou intermédiaire endurant une part bien trop importante de ses conséquences néfastes », a déclaré le Dr Pallavi Pant, responsable de la santé mondiale à HEI, superviseure du rapport SoGA. « Cela indique clairement que les villes et les pays doivent considérer la qualité de l’air et la pollution atmosphérique comme des facteurs à haut risque lorsqu’ils élaborent des politiques de santé et d’autres programmes de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles. »

La santé des enfants

Certains des effets les plus graves de la pollution atmosphérique sur la santé sont observés chez les enfants. Les enfants sont particulièrement vulnérables à la pollution de l’air et les dommages causés par cette dernière peuvent apparaître dès la grossesse, avec des effets sur la santé qui peuvent perdurer tout au long de la vie. Par exemple, les enfants inhalent plus d’air par kilogramme de poids corporel et absorbent plus de polluants que les adultes, alors que leurs poumons, leur corps et leur cerveau sont encore en développement.

L’exposition des jeunes enfants à la pollution atmosphérique favorise la pneumonie, responsable d’un décès d’enfant sur cinq dans le monde, ainsi que l’asthme, la maladie respiratoire chronique la plus répandue chez les enfants plus âgés. Les inégalités liées à l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé des enfants sont frappantes. Le taux de mortalité lié à la pollution de l’air chez les enfants de moins de cinq ans en Afrique de l’Est, de l’Ouest, centrale et australe est 100 fois plus élevé que celui de leurs homologues dans les pays à revenu élevés.

« Malgré les progrès réalisés en matière de santé maternelle et infantile, près de 2 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour à cause des effets de la pollution atmosphérique sur leur santé », a déclaré Kitty van der Heijden, directrice générale adjointe de l’UNICEF« Notre inaction a des répercussions considérables sur la santé et le bien-être de la prochaine génération. L’urgence mondiale est indéniable. Il est impératif que les gouvernements et les entreprises tiennent compte de ces estimations et des données disponibles localement, et qu’ils les utilisent pour prendre des mesures significatives, axées sur les enfants, afin de réduire la pollution atmosphérique et de protéger leur santé. »

Des progrès réalisés

Le rapport SoGA annonce également de bonnes nouvelles. Depuis 2000, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a chuté de 53 %, en grande partie grâce aux efforts visant à élargir l’accès à une énergie propre pour la cuisine, ainsi qu’à l’amélioration de l’accès aux soins de santé, à la nutrition et à une meilleure sensibilisation aux effets néfastes de l’exposition à la pollution de l’air domestique.

De nombreux pays, en particulier ceux qui connaissent les niveaux de pollution atmosphérique les plus élevés, prennent enfin le problème à bras-le-corps. Les mesures prises en faveur de la qualité de l’air dans des régions comme l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie, telles que l’installation de réseaux de surveillance de la pollution atmosphérique, la mise en œuvre de politiques plus strictes en matière de qualité de l’air ou la compensation de la pollution atmosphérique liée aux transports par l’adoption de véhicules hybrides ou électriques, ont toutes des effets tangibles sur la pollution et sur l’amélioration de la santé publique.

Cependant, en dépit de ces progrès notables, nous pouvons et devons faire plus pour que la pollution atmosphérique ne figure plus en haut de la liste des risques sanitaires qui menacent la vie de millions d’individus. 

source :  https://www.unicef.fr/article/la-pollution-de-lair-a-lorigine-de-81-millions-de-deces-en-2021/